Le 3 mai 2025, plusieurs carcasses de silures ont été découvertes sur les berges du Rhône, à Tarascon, à la frontière entre le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône.
Ce constat a été partagé sur les réseaux sociaux par un habitant local, Loïc Challier, qui affirme avoir documenté la scène à l’aide de photos et vidéos.
L’information a rapidement circulé en ligne et suscité des réactions de la part des fédérations de pêche et des autorités départementales.
Découverte macabre sur les berges du Rhône à Tarascon
Selon Loïc Challier, qui pratique la pêche de loisir dans le secteur, plusieurs silures (Silurus glanis), certains de grande taille, ont été retrouvés morts, certains présentant des traces de découpe. « Je n’avais jamais vu ça dans le coin », a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur sa page personnelle. Aucun élément ne permet encore d’établir les circonstances exactes de ces décès.
Le Rhône, à proximité d’Avignon, est un fleuve classé en domaine public fluvial et soumis à des règles strictes en matière de pêche et de protection de la faune aquatique. Le silure, bien qu’introduit, y est une espèce couramment observée et parfois controversée dans les milieux halieutiques.
Réactions officielles et ouverture d’une enquête
Alertée par la publication, la Fédération de Pêche de Vaucluse a rapidement pris position. Dans un communiqué daté du 4 mai, elle indique que « ces pratiques, si elles sont avérées, vont à l’encontre du respect de la biodiversité et de l’éthique de la pêche de loisir ». L’organisation souligne par ailleurs que des échanges ont été engagés avec les autorités préfectorales des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, compétentes sur la zone concernée.
Cette affaire rappelle la pétition contre la vente vivante des animaux marins, qui fait beaucoup parler en France.
Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de cette mortalité. Selon un communiqué de la préfecture du Vaucluse (source : vaucluse.gouv.fr, 2025), plusieurs hypothèses sont envisagées : braconnage, pollution ponctuelle ou acte isolé. Aucune conclusion n’a pour l’instant été rendue publique.
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Hypothèses examinées par les fédérations et experts locaux
La piste d’un braconnage est privilégiée par certains acteurs locaux, bien qu’aucune preuve ne le confirme pour l’instant. Le silure, souvent considéré comme une espèce invasive, est parfois ciblé illégalement pour sa chair ou dans le cadre de compétitions non déclarées.
D’autres hypothèses évoquent une possible pollution ponctuelle liée à un rejet accidentel ou à une chute locale d’oxygène dans l’eau.
Interrogé par le quotidien régional La Provence, Tristan Morel, représentant de la Fédération de Pêche de Vaucluse, a rappelé que « tout acte portant atteinte au biotope aquatique du Rhône, qu’il s’agisse de braconnage ou de pollution, constitue une infraction susceptible de sanctions prévues par le Code de l’Environnement ». Des analyses de la qualité de l’eau auraient été demandées, selon la fédération.
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Conséquences environnementales potentielles
D’après le Muséum national d’histoire naturelle (mnhn.fr, 2025), la décomposition massive de poissons dans un cours d’eau peut altérer la qualité de l’eau en augmentant la concentration de matières organiques, ce qui nuit à l’oxygénation et à l’équilibre de la chaîne alimentaire locale. Ce phénomène pourrait affecter d’autres espèces, notamment les poissons plus sensibles ou les oiseaux piscivores.
Pour l’instant, aucune alerte sanitaire n’a été émise, mais les associations environnementales régionales recommandent une surveillance accrue des berges du Rhône et un suivi des espèces potentiellement affectées.
Mesures envisagées et mobilisation des acteurs locaux
La Fédération de Pêche de Vaucluse indique avoir sollicité un renforcement de la surveillance sur les zones sensibles du fleuve, en lien avec les services de l’Office français de la biodiversité (OFB). Des opérations de sensibilisation à destination des pêcheurs et des promeneurs sont en cours d’élaboration. L’objectif est de rappeler les règles de bonne conduite, de promouvoir une pêche respectueuse et de mieux faire connaître les espèces du fleuve.
Les services techniques des municipalités de Tarascon et Beaucaire ont également été informés afin d’évaluer la nécessité d’un nettoyage spécifique en cas de pollution organique persistante. Aucune interdiction de pêche ou de baignade n’a été prononcée à ce jour.
Un signal d’alerte pour la préservation du milieu aquatique
La découverte d’un nombre important de silures morts sur les berges du Rhône soulève des interrogations légitimes sur l’état du fleuve, la régulation de la pêche et la protection des écosystèmes.
L’enquête en cours devra permettre de mieux comprendre les faits et, si nécessaire, d’adapter les dispositifs de prévention. En attendant les résultats, les acteurs concernés appellent à la prudence, à la transparence et à une mobilisation collective en faveur de la biodiversité fluviale.