Dans les formations phosphatées du bassin d’Ouled Abdoun, au Maroc, des paléontologues ont mis au jour une espèce inédite de mosasaure datant d’environ 67 millions d’années. Le fossile, nommé Carinodens acrodon, présente une denture exceptionnellement adaptée au broyage, suggérant un régime alimentaire durophage, axé sur les proies à coquilles dures comme les mollusques ou les crustacés. Cette morphologie contraste nettement avec celle des mosasaures prédateurs classiques, dotés de dents coniques pour saisir des proies mobiles.

Le crâne retrouvé montre des dents basses, trapues et rectangulaires, fortement ancrées dans la mâchoire. Ces caractéristiques rapprochent l’animal des rares reptiles marins spécialisés dans le broyage, une stratégie alimentaire peu représentée chez les mosasaures.

Un petit gabarit dans un environnement de grands prédateurs

Estimé à une longueur totale de deux à trois mètres, Carinodens acrodon se classerait parmi les plus petits représentants de son groupe, dans un environnement pourtant dominé par des espèces plus imposantes telles que Thalassotitan atrox, un mosasaure carnassier atteignant dix mètres de long.

Cette découverte dans le phosphate marocain suggère une partition écologique complexe dans les mers du Crétacé terminal, avec une répartition fine des niches trophiques.

Un site paléontologique de référence mondiale

Les phosphates du bassin d’Ouled Abdoun, une fenêtre sur le Crétacé supérieur

Le bassin d’Ouled Abdoun, situé près de Khouribga, est mondialement reconnu pour la richesse exceptionnelle de ses gisements paléontologiques.

Ce site fossilifère a livré depuis plusieurs décennies des spécimens rares de reptiles marins, poissons osseux, tortues géantes et requins. Il constitue une source majeure de données sur la biodiversité marine de la fin du Crétacé, peu avant l’extinction massive survenue il y a 66 millions d’années.

Depuis 2020, plusieurs espèces nouvelles de mosasaures ont été décrites à partir de fossiles découverts dans cette région, notamment Xenodens calminechari, remarquable par ses dents semblables à une lame de scie, traduisant une autre forme de spécialisation alimentaire.

Des implications scientifiques pour l’étude des extinctions

L’analyse des fossiles marocains contribue à reconstituer la structuration des écosystèmes marins avant l’extinction du Crétacé. La diversité morphologique observée dans la faune de ce site renforce l’idée d’une biodiversité en pleine expansion juste avant la crise, avec une spécialisation poussée des espèces. Ces résultats offrent des données cruciales pour comprendre les dynamiques évolutives et écologiques des derniers grands reptiles marins.

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Réserves méthodologiques et perspectives de recherche

Précautions sur la validité du fossile

Malgré l’intérêt scientifique du spécimen, certains paléontologues soulignent la nécessité d’une prudence méthodologique. Le fossile ayant été extrait dans un contexte commercial, sa documentation stratigraphique est incomplète. Des doutes subsistent quant à l’intégrité du matériel décrit, notamment sur la correspondance anatomique des dents.

Ces incertitudes justifient des examens approfondis, notamment par imagerie tomographique et comparaison avec des spécimens mieux préservés dans d’autres collections. Le besoin d’un encadrement plus strict des fouilles et de la traçabilité des fossiles issus de gisements exploités industriellement est régulièrement souligné par la communauté scientifique.

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Le Maroc, carrefour de la paléobiodiversité marine

Cette découverte, même soumise à réévaluation, souligne à nouveau l’importance stratégique du Maroc dans la recherche paléontologique. Le potentiel de nouvelles espèces reste élevé, et les travaux en cours pourraient encore révéler des formes inconnues, enrichissant la compréhension des réseaux trophiques marins d’avant la grande extinction.

Sources