Sur le vaste plateau des Guyanes, l’acoupa rouge, aussi appelé Acoupa Toeroe (Cynoscion acoupa), suscite bien des convoitises. Ce poisson emblématique de la famille des Sciaenidae est à la croisée des enjeux écologiques, économiques et gastronomiques.

Grâce au projet AcoupaCabana, des scientifiques s’engagent pour lever le voile sur cette espèce menacée, encore méconnue malgré sa présence dans les criées côtières.

Entre campagnes halieutiques inédites, collecte de données massives et volonté d’une pêche durable, ce projet se situe à la croisée de la science, de l’économie et de l’environnement, tout en soulignant la nécessité de préserver la biodiversité et les ressources marines de Guyane.

Présentation générale de l’Acoupa Toeroe

L’Acoupa Toeroe, aussi appelé acoupa rouge, courbine ou akoupa selon les régions, est un poisson marin de la famille des Sciaenidae. Son nom scientifique, Cynoscion acoupa, a été donné par Lacepède en 1801. Il est largement présent sur les côtes de Guyane, du nord du Brésil jusqu’au Guyana, et plus largement dans l’Atlantique Ouest tropical.

Ce poisson est un acteur clé de la biodiversité et un indicateur de la santé des écosystèmes côtiers.

Description biologique et identification

L’acoupa rouge se distingue par sa grande taille (jusqu’à 1,5 mètre pour les plus gros spécimens), sa couleur argentée à reflets dorés, et son dos vert sombre.

Sa mâchoire inférieure proéminente et ses dents pointues sont caractéristiques du genre Cynoscion.

Les juvéniles vivent dans les eaux saumâtres et douces, notamment dans les estuaires et les mangroves, avant de migrer vers la mer à l’âge adulte. La reproduction se déroule en mer, où les mâles produisent des grondements sonores grâce à leur vessie natatoire, véritable « boîte à son » utilisée lors de la saison des amours.

L’analyse des otolithes (petits os de la tête) permet de déterminer l’âge et le parcours de chaque individu, une méthode essentielle pour la gestion des stocks.

Habitat et répartition géographique

Le plateau des Guyanes, une vaste bande marine s’étendant du nord du Brésil au Guyana, est le principal habitat de l’acoupa rouge.

On le retrouve aussi du Panama à l’Argentine, principalement dans les embouchures de rivières, les mangroves et les fonds côtiers de moins de 30 mètres. Ces milieux, riches mais fragiles, abritent une biodiversité exceptionnelle. 

La présence d’espèces comme le poisson zèbre ou le Corydoras en aquarium rappelle la diversité de ces écosystèmes. En Guyane française, la Réserve de l’Île du Grand-Connétable joue un rôle clé dans la préservation de ces milieux.

Rôle écologique et interactions dans l’écosystème

L’acoupa rouge occupe une place centrale dans la chaîne alimentaire côtière. Prédateur vorace, il se nourrit de poissons, de crustacés et de mollusques, tout en étant lui-même la proie de grands prédateurs marins.

Ses interactions avec d’autres espèces, comme le poisson-ballon ou le iguane marin dans d’autres contextes, illustrent la complexité des réseaux trophiques côtiers.

Sa présence garantit l’équilibre des populations et la bonne santé des ressources marines locales.

Pêche, économie et gastronomie

Véritable vedette de la pêche côtière, l’acoupa rouge est au cœur de l’économie bleue en Guyane et au Brésil. Sa chair blanche, fine et savoureuse, est très appréciée en cuisine locale (grillée, en tartare, ou dans la fameuse moqueca brésilienne).

La vessie natatoire est très recherchée sur les marchés asiatiques, atteignant des prix élevés pour ses usages culinaires et médicinaux, ce qui alimente un trafic international difficile à contrôler. La pêche artisanale, pratiquée à bord de grands canots créoles équipés de filets maillants dérivants, reste la norme, même si la pression de la pêche industrielle et illégale s’accentue.

Les goélands sont parfois les témoins de ces activités sur les côtes.

Menaces, conservation et gestion durable

La surpêche, la pollution et la destruction des habitats côtiers (notamment les mangroves) menacent directement l’acoupa rouge.

L’espèce est inscrite sur la Liste rouge de l’UICN comme vulnérable, et fait l’objet de réglementations nationales et internationales (notamment via la FAO).

Le projet AcoupaCabana s’inscrit dans cette dynamique de conservation, en collectant des données pour mieux comprendre la biologie, la reproduction et la résilience de l’espèce.

Les campagnes scientifiques, menées en collaboration avec les pêcheurs locaux, les techniciens halieutes et les ingénieurs, visent à établir des modèles de gestion durable et à sensibiliser les communautés à l’importance de la préservation des ressources marines.

Espèce Intérêt commercial Données collectées
Acoupa rouge Très élevé Biologie, reproduction, âge, valeur vessie natatoire
Acoupa aiguille Élevé Biologie, identification, reproduction
Croupia Moyen Population, morphologie, reproduction
Machoiran blanc Élevé Population, gonades, structure d’âge
  • Modélisation halieutique : les résultats viendront enrichir des modèles de gestion durable, pour préserver les stocks sur le long terme.
  • Sensibilisation : l’analyse scientifique servira aussi à informer les pêcheurs et décideurs sur les bonnes pratiques et les risques liés à la surexploitation.

Perspectives et enjeux pour l’avenir

Le défi numéro un reste la complexité du travail sur le terrain : peu de spécialistes, des moyens logistiques parfois limités, et des charges de travail colossales caractérisent chaque expédition. Malgré tout, la collaboration étroite entre scientifiques, pêcheurs et techniciens permet d’envisager une gestion durable de l’acoupa rouge.

Face au changement climatique et à la pression croissante sur les ressources, il est urgent d’adapter les pratiques de pêche, de renforcer l’éducation environnementale et de valoriser l’acoupa Toeroe dans l’économie bleue régionale. 

La collecte et l’analyse de nouveaux jeux de données constituent une base essentielle pour assurer la durabilité des écosystèmes et la sécurité alimentaire dans la région. Entre engagement scientifique et vitalité des pêcheries, AcoupaCabana s’impose déjà comme un levier déterminant pour préparer un avenir respectueux de la mer, des populations qui en vivent, et de la biodiversité marine.

Préserver, documenter, transmettre : entre science, pêche et territoires, ce projet ouvre la voie à une gestion responsable, tout comme le choix d’un aquarium d’eau douce adapté permet de préserver la vie aquatique à petite échelle.

FAQ / Questions fréquentes

  • Peut-on consommer l’acoupa rouge sans risque ? Oui, sa chair est réputée pour sa qualité et sa saveur, mais il est important de s’assurer de son origine pour éviter les poissons issus de la pêche illégale.
  • Où trouve-t-on l’acoupa Toeroe ? Principalement sur le plateau des Guyanes, du nord du Brésil au Guyana, dans les embouchures de rivières et les mangroves.
  • Quels sont les principaux dangers qui menacent l’espèce ? La surpêche, la destruction des habitats côtiers et la pollution sont les principales menaces. La demande pour la vessie natatoire accentue la pression sur les populations.
  • Quelles mesures de gestion durable existent ? Des quotas de pêche, des périodes de repos biologique, et des réserves marines comme celle de l’Île du Grand-Connétable sont mis en place pour protéger l’espèce.
  • L’acoupa Toeroe est-il élevé en aquaculture ? L’élevage reste marginal, la majorité des poissons provient de la pêche artisanale ou industrielle.

Sources et références