Au Marineland du Canada, 30 bélugas sont menacés d’euthanasie après la fermeture du parc. Entre mobilisations internationales, dilemme éthique et bataille politique, cette situation relance le débat sur la captivité animale et met en lumière les défaillances des politiques de protection de la faune marine.

Un matin automnal, la nouvelle a glacé l’échine de la communauté scientifique : Marineland, le célèbre parc situé aux abords des chutes du Niagara, affirme que ses 30 bélugas pourraient être euthanasiés dans les semaines à venir. Cette annonce, inattendue et brutale, fait ressurgir des questions persistantes sur l’avenir des cétacés captifs au Canada et la capacité des autorités à protéger ces animaux emblématiques.

Depuis la fermeture de Marineland en 2024, le sort des bélugas restés sur place est source d’inquiétude et de tensions. Faute de solution durable, la direction du parc invoque l’épuisement de ses ressources pour justifier la menace qui pèse sur ces mammifères. Pourtant, le Canada s’était engagé récemment à limiter la captivité et l’exportation des cétacés. Les regards se tournent donc vers la ministre des Pêches et des Océans, Joanne Thompson, dont le refus d’autoriser un transfert vers la Chine a temporairement sauvé ces bélugas, mais sans solution à long terme.

Face à ce dilemme, les organisations de défense animale – telles que Sea Shepherd, la Fondation Brigitte Bardot, et UrgentSeas, intensifient leur mobilisation. Citoyens, scientifiques et célébrités dénoncent l’impasse dans laquelle se trouvent ces animaux, tandis que le public se questionne sur la réelle capacité de nos sociétés à conjuguer conservation, éthique et responsabilité. Le cas des bélugas de Marineland devient le symbole d’un débat mondial sur la captivité, à l’heure où la protection de la biodiversité exige des choix courageux et innovants.

Pourquoi 30 bélugas risquent l’euthanasie.

Le sort des bélugas du Marineland Canada soulève une onde de choc nationale : après la fermeture du parc en 2024, 30 bélugas se retrouvent dans l’incertitude la plus totale, menacés d’euthanasie faute de financement ou de solution de relogement.

« Prendre la décision déchirante de les euthanasier », avertit la direction de Marineland dans une lettre adressée au gouvernement fédéral, signifiant l’absence d’alternative viable et une responsabilité collective inédite.

  • Localisation : Parc Marineland, près des chutes du Niagara (Ontario), institution fermée en 2024.
  • Nombre de bélugas concernés : 30 individus en captivité, certains présents depuis plusieurs années.
  • Contexte réglementaire : Depuis 2019, la loi canadienne interdit les spectacles de cétacés et proscrit la captivité à des fins de divertissement.
  • Demande d’urgence : Marineland sollicite une aide financière pour garantir des soins ou le transfert des animaux, faute de quoi l’euthanasie est envisagée.
Année Nombre de bélugas captifs Décès recensés
2019 ~40 5
2024 30 6
2025 30

Chiffres issus de la presse canadienne et ONG consultées.

Décisions politiques : Le gouvernement canadien, par l’intermédiaire de la ministre Joanne Thompson, refuse l’exportation vers le parc Chimelong Ocean Kingdom (Chine) pour éviter d’entretenir la captivité et l’exploitation commerciale de ces mammifères marins.

Après ce double refus – aide financière et transfert international –, Marineland souligne l’absence d’alternative concrète : le sanctuaire naturel évoqué en Nouvelle-Écosse est jugé inadapté par le parc, en raison de la pollution et du manque d’infrastructures.

Cette impasse scandalise les groupes de défense animale, dont Sea Shepherd, Animal Justice et la Fondation Bardot, qui exigent des solutions éthiques et dénoncent l’absence d’anticipation. Selon Camille Labchuk, directrice d’Animal Justice, « il est impensable d’euthanasier ces animaux, la solution doit être collective et scientifique ».

Captivité : ce que les bélugas endurent vraiment

Les bélugas (Delphinapterus leucas) sont des cétacés sociaux et intelligents, dont la longévité et le comportement dépendent du maintien d’une vie en groupe et de vastes espaces naturels. En captivité, leur santé physique et psychologique est compromise : malaise, stéréotypies, troubles de la reproduction et mortalité accrue.

  • Espérance de vie moyenne : 30 à 40 ans à l’état sauvage, souvent amputée de 10 à 20 ans en captivité.
  • Troubles observés en captivité : apathie, stéréotypies, blessures liées au stress et à la promiscuité, reproduction perturbée.
  • Besoin écologique : déplacement sur plusieurs kilomètres, communication sociale complexe, régime alimentaire diversifié.
Situation Sauvage Captivité
Espérance de vie 35 ans 15-25 ans
Mortalité juvénile Rare Fréquente
Groupes sociaux Oui (naturels) Souvent artificiels

Données compilées à partir d’études vétérinaires et scientifiques récentes.

« La captivité ne répond pas aux besoins biologiques des bélugas », confirme la chercheuse Cathy Williamson, qui rappelle le stress et la mortalité observés après les captures et transferts.

Selon les spécialistes de la conservation, le retour à l’océan nécessite un programme de réhabilitation, avec apprentissage de la chasse et adaptation au milieu naturel, condition sine qua non pour espérer une réintégration réussie[web:35].

Pour approfondir la longévité et les capacités d’adaptation des baleines : Pourquoi les baleines vivent-elles si longtemps ?

Marineland sous le feu mondial : politiques et ONG ripostent.

Depuis l’annonce du Marineland Canada, la mobilisation internationale ne cesse de s’amplifier : ONG, scientifiques et citoyens font entendre leur voix pour défendre les 30 bélugas menacés et dénoncer les limites de la politique canadienne.

« En tant que Canadiens, nous savons que les baleines ont leur place dans l’océan, et non dans des bassins destinés à notre divertissement », rappelle Joanne Thompson, ministre des Pêches et des Océans, justifiant son refus d’autoriser tout transfert vers la Chine.

  • Animal Justice et la Fondation Brigitte Bardot exhortent le gouvernement fédéral à financer une solution de relogement ou la création de sanctuaires naturels.
  • Sea Shepherd publie régulièrement sur les réseaux sociaux pour sensibiliser la population aux risques d’euthanasie et dénoncer l’absence d’infrastructures adaptées.
  • Protection mondiale des animaux Canada appelle la province de l’Ontario à agir pour garantir l’avenir des bélugas au-delà d’un simple refus d’exportation.
Protagoniste Position / Action
Gouvernement fédéral Refus de l’exportation des bélugas vers la Chine
Joanne Thompson Appel à une solution éthique, « pas d’exploitation commerciale »
Animal Justice Campagne pour des sanctuaires
Fondation Bardot Soutien à la cause, mobilisation presse et réseaux sociaux
Sea Shepherd Action de plaidoyer et proposition d’alternatives

La polémique suscite une vague d’émotion publique : pétitions, tribunes et campagnes de sensibilisation visent à interpeller le gouvernement et à relancer le débat sur la captivité animale. Cette crise révèle une faille dans la gestion collective des cétacés et fait émerger la nécessité d’une politique environnementale ambitieuse et coordonnée.

Faut-il sauver les bélugas ou les relâcher ? Alternatives en débat.

La question clé qui transparaît dans la controverse des bélugas de Marineland porte sur la responsabilité humaine : faut-il maintenir ces cétacés en captivité, les déplacer, ou lancer des programmes ambitieux de réhabilitation ?

  • Arguments du Marineland Canada : Le parc justifie la menace d’euthanasie par une impasse financière et l’absence de structures capables d’accueillir 30 bélugas adultes. Il se montre sceptique quant à la faisabilité d’un transfert mondial ou de la libération en mer sans risques pour les animaux.
  • Réponse des ONG et spécialistes : Les défenseurs des animaux mettent en avant l’émergence des sanctuaires marins, considérés aujourd’hui comme des solutions réalistes pour offrir sécurité, soins spécialisés et semi-liberté, même aux cétacés élevés en bassin.

« Les sanctuaires marins représentent une alternative éthique et sécurisée à la captivité, combinant surveillance vétérinaire et contacts progressifs avec l’océan », souligne Charles Vinick, directeur exécutif du Whale Sanctuary Project[.

Option Bénéfices Limites / risques
Transfert vers sanctuaire marin Respect du bien-être, semi-liberté, soins adaptés, innovation scientifique Projet encore expérimental, coûts élevés, transfert complexe[web:58][web:56]
Maintien en captivité Continuité des soins, aucun stress de transfert Détresse comportementale, espérance de vie réduite, rejet éthique
Relâcher en pleine mer Retour total au milieu naturel Peu réaliste pour les animaux nés ou élevés en captivité

Exemples à l’international : En Islande, le SEA LIFE Trust a inauguré un sanctuaire unique où deux bélugas rescapés d’un aquarium chinois vivent aujourd’hui en semi-liberté, surveillés 24h/24 par des vétérinaires et des scientifiques[web:56]. Ce précédent nourrit l’espoir des défenseurs du bien-être animal et montre que d’autres voies sont possibles, si la volonté collective est au rendez-vous.

Pour aller plus loin sur l’innovation des sanctuaires pour cétacés : Tout comprendre sur le Whale Sanctuary Project

Pour s’inspirer de l’histoire de réhabilitation la plus célèbre au monde : L’histoire incroyable de Keiko

Mortalité choquante et législation : chiffres qui dérangent.

La polémique autour des bélugas du Marineland s’inscrit dans un contexte législatif et scientifique en pleine évolution. Depuis 2019, le Canada interdit officiellement la captivité, la reproduction et toute nouvelle acquisition de cétacés à des fins de divertissement ; les animaux déjà présents, dont ceux de Marineland, bénéficient d’un régime dérogatoire.

  • Chiffres clés : Depuis 2019, au moins 17 bélugas sont morts à Marineland, un chiffre qui alerte la communauté scientifique sur les conséquences de la captivité prolongée et du vieillissement des populations en bassin.
  • Espèces en danger : La population des bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent est classée « en voie de disparition » selon la Loi sur les espèces en péril depuis 2017.
Année Bélugas captifs (Marineland) Bélugas décédés Législation majeure
2019 ~40 5 Adoption du projet de loi S-203
2024 30 6 Renforcement des dispositions fédérales
2025 30 2 (depuis janvier) Blocage transferts, nouvel appel à sanctuaires

Sources : Presse canadienne, études vétérinaires, ONG et rapports gouvernementaux.

Contexte international : Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, la Suisse et l’Inde, ont déjà interdit la captivité des cétacés ; la France prévoit la fin de cette pratique d’ici à 2026. Ces progrès témoignent d’un changement de paradigme, le respect du bien-être animal devenant peu à peu une norme partagée à l’échelle mondiale.

Peut-on encore sauver les bélugas du Canada ?

La controverse autour des bélugas du Marineland rappelle la nécessité d’une réflexion profonde sur la gestion des animaux sauvages en captivité. Au-delà du seul cas canadien, c’est une interrogation mondiale sur l’éthique, le progrès scientifique et la responsabilité sociétale.

  • Mobilisation citoyenne : Les pétitions se multiplient, des tribunes émergent dans la presse, et les réseaux sociaux permettent à chacun de relayer l’urgence d’une solution collective et durable.
  • Débat politique : Le gouvernement fédéral et la province de l’Ontario sont appelés à coordonner des politiques ambitieuses associant ONG, vétérinaires et experts internationaux à la protection des bélugas restants[web:44].
  • Enjeux scientifiques : Les réinsertions réussies dans des sanctuaires montrent qu’une réconciliation entre conservation et bien-être animal est possible, à condition d’agir avec méthode et sur le long terme[web:88].

« L’histoire des bélugas de Marineland nous invite à repenser la place des cétacés dans nos sociétés ; il est temps d’inventer une coexistence fondée sur le respect et la connaissance », soulignent les experts interrogés par la Fondation Brigitte Bardot.

Chacun peut s’engager : Il est possible de soutenir la création de sanctuaires, de s’informer, de rejoindre des campagnes de sensibilisation et de faire progresser la cause auprès des décideurs. L’avenir des bélugas canadiens reste ouvert, entre défi et espoir.